Femmes leaders : deux parcours inspirants

28 Sep 2022

Temps de lecture : 2 min

Auteur : Caroline

Après la mort soudaine de son père, Julia Cattin décide de reprendre le groupe industriel paternel et se retrouve propulsée au poste de CEO. Aujourd’hui, à 33 ans, elle dirige l’entreprise Momentum de 90 salariés.

Irma, elle, est auteure compositrice interprète. Après avoir été accompagnée par un Label pendant 12 ans, elle a choisi de monter sa boite de production pour goûter à davantage de liberté.

Comment ces deux jeunes entrepreneures vivent-elles leur leadership en tant que femmes ? Quels soft skills leur permettent de maintenir cette posture au quotidien, et de fédérer toute une équipe tout en restant elles-mêmes ?

Retour sur notre conversation où nous avons parlé d’entrepreneuriat, de leadership féminin et de la vision de la femme en entreprise.

Le chemin vers le leadership en tant que femme

Chez Irma, la décision de se lancer en tant que productrice 12 ans après avoir signé avec son premier label, est venue petit à petit. “En tant qu’artiste, cela me gênait de ne pas être propriétaire de ma musique. J’ai donc choisi de casser mon contrat pour créer mon propre label indépendant. J’avais en tête une approche plus holistique et je voulais faire le pont entre l’Afrique et l’Occident, le Cameroun et la France. Mon master en management de l’ESCP m’a aussi poussé à entreprendre.” Après avoir pris le temps de choisir sa structure, Irma devient productrice en 2015. Un challenge pour elle, qui a plus une âme d’artiste que de business woman.

Julia Cattin, de son côté, est propulsée CEO après un drame personnel : “J’ai perdu mon père le jour de mon anniversaire, d’une crise cardiaque. Ce jour-là, j’ai vraiment eu le sentiment d’avoir touché le fond. J’habitais en Italie, je finissais mes études pour travailler dans une ONG ou une organisation intergouvernementale, et j’ai décidé de tout quitter pour reprendre en urgence les rênes du groupe de mon père, en France”. Ce qui l’a aidé à prendre cette décision ? “Ma vie n’avait plus de sens, et avec cette entreprise, j’avais un but” nous explique Julia Cattin. Sauver l’honneur de son père pour éviter le dépôt de bilan et ainsi soulager sa famille, voilà ce qui a poussé Julia à devenir, du jour au lendemain, CEO de Momentum. “Le drame avait fait que je n’avais aucune aversion au risque, je n’avais rien à perdre, j’étais complètement libérée de mes peurs”.

« En tant que femme, on a ce regard biaisé sur l’autorité. Dès que je demandais quelque chose à mes équipes, j’avais peur de passer pour trop autoritaire. Je ne réfléchis donc plus par le prisme de l’autorité, mais par celui de l’assertivité.”

Chacune a rencontré des difficultés différentes, propres à son poste et à son contexte, mais toutes les deux ont eu le même réflexe : bien s’entourer, dès le début. Pour Irma, ce besoin est né très vite, pour pallier ses lacunes en matière de comptabilité et l’aider à résoudre tout un puzzle administratif. Julia, de son côté, a commencé par s’entourer des bonnes personnes pour non seulement gérer les difficultés financières de l’entreprise mais aussi pour trouver un soutien sur les sujets stratégiques et les axes de développement du groupe. Quelles autres soft skills leur ont permis de travailler sereinement ?

Les soft skills du leadership féminin

Julia s’est vite rendue compte qu’une bonne communication, c’est-à-dire une communication claire et sincère, facilitait les relations mais les apaisait également. “Je communique beaucoup et je suis assez transparente, ce qui m’aide quand on peut avoir des sujets complexes et que je suis confrontée à des difficultés. Je reste toujours sincère : le fait d’être authentique fait baisser les armes de votre interlocuteur.” Sa sensibilité l’aide également dans ses missions quotidiennes puisque la plupart du temps, ses émotions guident ses décisions. “Dans ma vie, ce qui me fait avancer, ce sont mes émotions. Elles me brusquent, me préviennent que quelque chose ne va pas ou au contraire, que mon intuition est bonne” estime-t-elle. Pour gérer son stress, elle mise tout sur son organisation “Ça me rassure !”. L’empathie et l’écoute ont aussi permis à Irma de manager avec confiance ses équipes marketing. Mais elle nous confie : « En tant que femme, on a ce regard biaisé sur l’autorité. Dès que je demandais quelque chose à mes équipes, j’avais peur de passer pour trop autoritaire. Je ne réfléchis donc plus par le prisme de l’autorité, mais par celui de l’assertivité.” Elle précise : “J’avais moins de 30 ans quand j’ai monté ma boite de prod’, et quand j’allais chercher des financements, je remarquais que mes interlocuteurs ne s’adressaient pas à moi comme ils se seraient adressés à un patron d’entreprise. J’ai senti que je devais faire un effort supplémentaire, pour prouver que j’étais à ma place. J’ai dû renforcer mon assertivité, pour être plus confiante.”

Ce travail sur l’assertivité a sans doute aidé Irma à ne pas se laisser envahir par le syndrome de l’imposteur, qu’il lui arrivait pourtant de ressentir : “Je fais en sorte de mettre d’autres choses en avant, car la confiance doit émaner de moi, pour fédérer les gens”. Fédérer, c’est justement ce qu’a réussi à faire Julia en motivant ses équipes autour d’un projet qui leur tient à cœur. Ce qui est d’autant plus difficile à faire lorsque vous arrivez en cours de route, dans une entreprise qui s’est déjà construite et développée. “De par mes études et mes convictions personnelles, je suis naturellement sensible aux enjeux écologiques et sociaux, donc je cherche à engager l’entreprise autour de projets forts. J’essaye de créer du lien avec le territoire sur lequel on est, de m’attarder sur le bien-être des collaborateurs, de limiter notre consommation de gaspillage et de ressources… Des engagements qui permettent de fédérer les salariés autour d’un projet commun, qui va plus loin que la mission première de l’entreprise.”

« Selon elle, c’est aussi son statut qui a facilité les choses “Dans la vie quotidienne, je ne suis pas forcement une meneuse et je suis plutôt d’un caractère discret surtout en société.” D’après Julia, penser que l’on doit forcément être autoritaire pour diriger une entreprise doit empêcher de nombreuses femmes de se lancer. “ Lorsqu’on préside une entreprise, vos équipes attendent de vous que vous vous exprimiez, elles vous permettent de le faire.» Donc d’après Julia, ce qui peut aider des jeunes femmes à se lancer en tant que leader, c’est tout simplement de ne pas avoir une idée figée de la femme cheffe d’entreprise, car il existe 1 000 manières de diriger une entreprise. “Il y a de la place pour tout le monde ! »

Pour Irma, les qualités dites féminines, que sont la douceur, l’empathie et l’écoute, sont les must du leader de demain, c’est le management de l’avenir. Car “on ne peut pas être un bon leader en marchant sur la tête des gens !”. L’intelligence émotionnelle, qui permet à toute personne d’être entendue et comprise, est particulièrement précieuse à l’heure actuelle. “Un manager qui m’a marqué, c’est Michael Goldman, co-fondateur de My Major Company. Il avait d’ailleurs une manière de manager très féminine, il savait créer un espace de cohésion, où chacun avait sa place. Il connaissait les problématiques de tout le monde, il était dans l’hyperpersonnalisation pour chacun d’entre nous, il restait accessible tout en étant le patron !”

Les soft skills qui ont aidé Julia et Irma à incarner leur rôle de leader :

• La communication
• L’organisation
• L’écoute
• Le sens du collectif
• La capacité à bien s’entourer
• L’assertivité
• L’intelligence émotionnelle et la maîtrise des émotions
• La créativité
• La confiance