Faut-il bien s’entendre pour coopérer ?
Temps de lecture : 4 min
Auteur : Guillaume
Ce qui nous pousse à coopérer
Contrairement à ce que notre petite voix désenchantée voudrait nous faire croire, une étude américaine¹ a démontré que coopérer était notre premier élan, un mouvement vers l’autre instinctif. Lorsqu’une personne décide de collaborer, il s’engage dans un processus sans garantie. Il partage avec l’autre ses ressources mais n’est pas sûr d’en tirer un bénéfice. Coopérer commence donc par un acte purement altruiste. Puis, cela se poursuit en un effort. C’est un travail en plus, une contrainte, et parfois une chose qui nous oblige.
Mais la coopération est aussi un moyen de donner du sens à notre vie professionnelle. En œuvrant pour une chose commune, nous transformons ce qui est pénible en sens et en plaisir. C’est également l’occasion de créer des liens et d’appartenir à un collectif. De cela, découleront des émotions positives : du plaisir, de la sympathie, de la fierté…. C’est un cercle vertueux !
S’engager dans la parole… et dans l’écoute
S’entendre revêt plusieurs sens : la perception par l’ouïe et dans la question qui fait le titre de cet article, l’amitié que l’on ressent pour une personne.
Alors, non, même si certaines cultures d’entreprise l’encouragent insidieusement à coup d’apéros et de babyfoot, nous n’avons pas toujours envie de nous lier d’amitié avec nos collègues. Et c’est ok !
En revanche, nous pouvons faire l’effort de nous accorder, d’écouter, d’essayer de comprendre.
Comment s’assurer que l’on écoute vraiment ?
Il n’y a pas d’écoute sans disponibilité. (Non, non ! Il est impossible d’écrire un e-mail tout en écoutant son interlocuteur débriefer de la réunion de vendredi !) Prenons ensuite le temps de nous synchroniser, de nous mettre en lien avec l’autre, au diapason. Nous ne parlons pas de télépathie mais de se connecter aux messages verbaux et non-verbaux de notre interlocuteur. Il sera, par exemple, difficile pour une personne très dynamique, aux intonations de voix chantantes et au débit rapide de communiquer avec une personne à la voix lente et posée qui pourra lui paraître alors ennuyeuse. La synchronisation est un excellent indicateur et un outil indispensable pour établir un rapport de confiance.
Veillons également à poser des questions ouvertes (et reformuler pour s’assurer que nous avons bien compris les réponses). Poser des questions ouvertes exige de l’attention, de la concentration et une abstraction de nos propres pensées. C’est difficile ! Mais c’est prendre le risque d’être surpris. C’est approfondir la connaissance de soi, de l’autre et du monde qui nous entoure. C’est montrer à l’autre qu’il a de la valeur !
Challenge Cléone :
Nous vous invitons à vous prêter au jeu pour une journée : choisissez un échange prévu et astreignez-vous à ne poser que des questions qui commencent par pourquoi, comment, quoi, décrivez, dites-moi, ou que pensez-vous de telle chose … Et observez l’échange : qu’avez-vous ressenti ?
Écouter avec le coeur
Et le gros mot est lâché : L’EM-PA-THIE !!! L’indispensable maîtrise de cette qualité est requise pour ouvrir le débat tout en évitant les conflits stériles. Réussir à se mettre à la place de l’autre n’est pas naturel ou inné pour tous. Pourtant, l’autre vit-il peut-être une situation complexe, une pression, un deuil, des frustrations,… qui expliquent un comportement qui nous dérange. L’autre n’est pas moi : ce qui est évident pour moi peut être inconnu de l’autre. Cette humble clairvoyance nous permet d’envisager les relations sous un autre jour.
Mettre toutes les chances de notre côté pour coopérer permet d’éviter de porter un jugement hâtif et péremptoire. Nous pouvons ne pas être d’accord tout en considérant l’autre comme un égal.
Les apports de la Communication Non Violente, approche modélisée par le Dr Marshall Rosenberg (dont nous vous recommandons largement les ouvrages ????), sont éclairants.
Pour entrer en relation avec soi et avec les autres, Rosenberg préconise d’éviter :
- les jugements qui blessent,
- les croyances et préjugés qui enferment,
- la pensée binaire qui met les choses en opposition et qui divise,
- et les “il faut, tu dois, tu n’as pas le choix…” qui plombent.
Apprendre à faire confiance
Nous l’avons vécu : si l’autre ne nous est pas sympathique, si celui-ci nous a déçu, trahi, il nous sera difficile d’avoir un élan positif vers la collaboration. Les travaux du sociologue américain, James Coleman, le confirment. Ils mettent en lumière une relation évidente entre collaboration et confiance. Faire confiance consiste à décider de prendre un risque. Mais que les pessimistes se rassurent, un risque peut déboucher sur un gain précieux !
Au sein de l’entreprise, la confiance se fonde sur l’observation et la connaissance des conduites de l’autre, et sur la concordance entre ses actions et sa parole.
Et l’entreprise dans tout ça ?
La question est importante puisque la coopération ne se décrète pas. Imaginez que l’on vous dise : Allez ! Coopère maintenant ! Comment vous y prendriez-vous ?
La coopération est volontaire. Nous ne coopérons jamais contre notre gré ou sous la pression d’un facteur extérieur, en tout cas, pas sur le long terme. Toute relation d’aide ou d’entraide requiert une implication individuelle. Nous devons avoir envie de nous impliquer dans des modes de travail coopératifs.
L’implication des salariés n’est pas une question de chance mais repose sur la capacité de l’entreprise et de ses managers à poser un cadre. C’est cet ensemble de règles qui permettra aux membres du collectif de vivre ensemble. En fixant les rôles, les domaines de compétence et d’autorité et les responsabilités de chacun, l’entreprise donne un cadre de référence sans lequel aucune coopération ne serait possible.
Alors comment faire ?
La clé est la rétribution de la contribution. En d’autres termes, il s’agira pour l’entreprise de récompenser la mobilisation et les efforts de ses salariés lorsque des liens de coopération se tissent. La rétribution n’est pas forcément financière, elle peut être symbolique. Pour Dejours, nous attendons essentiellement une reconnaissance au sens de gratitude et au sens de constat (c’est-à-dire la conscience de la contribution des collaborateurs à l’organisation du travail). Notre travail doit être jugé utile et/ou beau². Et cette dernière appréciation ne compte que si elle est donnée par nos pairs.
En conclusion, il est des dimensions de la coopération qui sont les seules prérogatives de l’entreprise et de ses dirigeants. Mais, le développement de certaines soft skills accélère la mise en place de bonnes pratiques managériales et encourage les salariés à travailler en collectif. C’est pourquoi Cléone s’est investi du sujet et a créé un programme original de développement des qualités nécessaires à la coopération.
Grâce à notre pédagogie unique, nous formons les collaborateurs pour qu’ils s’épanouissent en travaillant mieux ensemble et qu’ils s’engagent, sereinement et de façon pérenne, dans la réussite des projets de l’entreprise.
² C’est-à-dire bien fait, réalisé dans les règles de l’art
Sources : https://www.multitudes.net/Cooperation-et-construction-de-l/