L’intelligence émotionnelle : le soft skill de 2023

2 Mar 2023

Temps de lecture : 2 min

Auteur : Guillaume

En latin, “émotion” vient de ex-movere, qui signifie “bouger en dehors”. Les émotions nous mettent donc en mouvement et en relation avec les autres et avec notre environnement. C’est en cela qu’elles nous sont d’une grande utilité : que ce soit la joie, la peur, la tristesse, la colère, la surprise ou le dégoût, chaque catégorie d’émotion nous dit quelque chose, de nous et des autres. Positives ou négatives, si nous sommes à leur écoute, elles deviennent des alliées, nous envoient des signaux sur une personne, un problème ou une situation. Toute la difficulté est de savoir les réguler et de ne pas se laisser écraser par elles.

La capacité à comprendre ses émotions, ainsi que celle des autres, et reconnaître leur importance porte un nom : c’est l’intelligence émotionnelle. Selon le Forum économique mondial (The Future of Jobs Report 2018), elle sera l’une des 10 compétences les plus importantes en 2023, et donc l’une des qualités managériales les plus essentielles à développer. Jongler avec ses émotions est tout un art, à manier aussi bien dans notre vie personnelle que dans notre vie professionnelle.

Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle exactement et que nous apporte-t-elle au travail ? Quel rôle les émotions ont-elles dans notre vie professionnelle ? Comment développer cette compétence ?

« Un bon acteur sait mettre de l’émotion dans l’action et de l’action dans l’émotions. »

Charlie Chaplin

L’intelligence émotionnelle : définition et utilité

En 1990, ce sont deux chercheurs américains Peter Salovey et John Mayer, qui utilisent pour la première fois l’expression “intelligence émotionnelle”. Selon eux, l’IE est “la capacité d’identifier ses émotions, de les comprendre, de les contrôler ou les ajuster en fonction des circonstances”. Mais l’expression se popularise surtout en 1995, grâce au livre L’intelligence émotionnelle, comment transformer ses émotions en intelligence de Daniel Goleman, psychologue américain. C’est la première fois qu’il est expliqué au grand public que l’intelligence logico-mathématiques, à la base du QI, n’est pas la seule intelligence dont l’être humain est doté. Intelligence émotionnelle, “la capacité à réguler ses émotions et celles des autres, à les distinguer et à utiliser ces informations pour guider sa pensée et ses actions”, est tout aussi importante.

Selon Daniel Goleman, l’IE s’articule autour de 5 composantes :

1. La conscience de soi : le fait d’être connecté à ses ressentis et à son intuition, de savoir assez bien s’écouter pour ensuite reconnaître une émotion, l’identifier et comprendre le message qu’elle transmet.

2. La maîtrise de soi : il faut accueillir les émotions, pour éviter que ce soient elles qui nous contrôlent. Une fois que nous avons fait de la place à l’émotion en question, nous avons une plus grande capacité à maîtriser nos réactions et nos impulsions et à nous adapter.

3. La motivation : l’important est de cultiver l’envie, développer son enthousiasme pour relever de nouveaux défis, de partager et transmettre.

4. L’empathie : être tourné vers les autres, être à l’écoute des signaux faibles, accepter les réactions, essayer de les comprendre sans les juger. Elle permet de prendre des décisions en tenant compte des émotions d’autrui.

5.La capacité à entrer en relation : cela permet de construire des liens sociaux, des relations avec les autres, et de les faire perdurer.

Les bienfaits de l’intelligence émotionnelle en entreprise

À travers son livre, Daniel Goleman explique non seulement qu’il existe cette intelligence émotionnelle, mais aussi que dans le monde professionnel, le quotient émotionnel (QE) s’avère plus important que le quotient intellectuel (QI). Pourquoi ? Car nous travaillons avec des personnes et non avec des machines. Selon Daniel Goleman, “deux tiers des résultats d’une entreprise sont dus aux compétences émotionnelles des gestionnaires”. Grâce à toutes les études qu’il a menées, les entreprises ont peu à peu considéré l’idée que l’intelligence émotionnelle avait une incidence positive sur le leadership, l’adaptation professionnelle et la gestion des équipes.

L’IE est aujourd’hui devenue une compétence indispensable pour être un bon manager et un bon leader à l’heure du télétravail et du management hybride. Elle permet de :

– Travailler sur ses propres peurs et freins, grâce à une plus grande conscience de soi et compréhension des émotions ressenties. On évite alors de transmettre ces dernières et on met en place une ambiance bienveillante et positive

– Oser partager ses doutes et ses appréhensions en communiquant davantage avec les autres, en étant plus ouvert aux discussions, sans jugement. Cette attitude rassure, inspire la confiance et renforce la cohésion. Elle donne un sentiment de sécurité à l’équipe, qui est plus encline à la prise de risque et à l’audace.

– Communiquer adéquatement et de manière réfléchie : identifier ses émotions ainsi que celles des autres et mettre des mots sur elles clarifient les échanges et les intentions de chacun. Il y a alors moins de non dits, de quipropoquo de flou.

– Instaurer des relations pérennes : lorsqu’on fait l’effort de comprendre ce que l’autre ressent, on constate souvent que les tensions viennent de la contradiction entre ses besoins et les nôtres.

– Prendre des décisions optimisées et efficaces, se poser comme médiateur : se mettre à la place de ses interlocuteurs permet de prendre du recul sur une situation, d’avoir une vision à 360. Les équipes se sentent plus écoutées, le stress baisse.

– Mieux négocier des solutions et résoudre des problèmes. Par exemple, les sentiments de joie et de frustration ont des effets très différents sur la résolution de problèmes. La joie stimule la créativité alors que la frustration pousse à analyser les choses davantage et à les disséquer.

Enfin, de manière générale, comprendre une émotion vous donne de la puissance, cela permet de vous prendre en main et de défendre votre territoire, car vous maîtrisez davantage la situation. Si vous ne vous sentez pas bien, prenez le temps de comprendre pourquoi vous l’êtes et quelle émotion se cache derrière. Obligez-vous à prendre du recul, ne serait-ce que quelques minutes : est-ce parce que vous vous sentez trahi par une personne qui vous a sorti d’un projet à la dernière minute ? Ou est-ce parce que vous avez peur de ne pas pouvoir rendre votre présentation dans les délais demandés ? Vous vous sentez triste, car découragé ? Pour chaque question, une fois que vous avez identifié et conscientisé une émotion au travail, l’objectif est de l’utiliser à bon escient.

Si vous vous sentez trahi, écrivez dans un carnet pourquoi, mettez de l’ordre dans vos idées, pour ensuite, les exprimer de manière posée à la personne en question. Si vous êtes sous l’eau, reprenez une to do list claire pour mieux prioriser votre agenda. N’hésitez pas également à anticiper toute situation désagréable, avant même de ressentir l’émotion, pour éviter d’être pris dans une “tempête émotionnelle”. Par exemple, si vous avez passé une matinée difficile, modifiez si possible votre emploi du temps pour le reste de la journée, afin de garder votre clairvoyance. Simple, mais efficace !

D’après le psychologue Martin Seligman, une autre clé pour ne pas se laisser envahir par ses émotions est de se concentrer sur le présent, et se débarrasser de 3 concepts :

Idée 1 > la personnalisation : “tout est de ma faute”
Idée 2 > l’omniprésence “ça va tout gâcher”
idée 3 > la permanence “il en sera toujours ainsi”

En effet, vous ne pouvez pas tout maîtriser d’une situation, mais en déchiffrant une émotion, vous avez la possibilité de mieux maîtriser votre réaction et celle des autres.

« Être actrice, c’est être une interprète. Véhiculer des émotions, celles du personnage, celles du metteur en scène, tout en apportant du naturel et de la justesse. »

Virginie Ledoyen

Comment développer son intelligence émotionnelle ?

Un manque d’intelligence émotionnelle donne lieu à du stress ou de la frustration, à une difficulté à être assertif, à mettre des mots sur les émotions et donc à prendre du recul… Mais bonne nouvelle, comme toutes les compétences, on peut développer ses capacités cognitives en les travaillant.

Rappelons que l’intelligence émotionnelle se définit selon 3 axes :

La capacité à évaluer et exprimer ses émotions et celles d’autrui
La capacité à réguler ses émotions
La capacité à savoir utiliser ses émotions.
Lors de la formation Cléone dédiée à la maîtrise des émotions, vous apprenez à maîtriser chacun de ces trois axes. Grâce à des méthodes scientifiques et aux techniques utilisées par les comédiens nous veillerons à :

Définir l’intelligence émotionnelle et le quotient émotionnel

– Identifier vos compétence fortes et celles qui gagnent à être développées grâce au test EQ-i

– Décrypter le langage des émotions en apprenant à mieux les ressentir physiquement, en les nommant correctement, et en comprenant le besoin qui se cache derrière. Pour évaluer et exprimer ses émotions, il est en effet nécessaire de connaître les émotions que nous pouvons ressentir. 1/3 seulement des individus sont capables d’identifier précisément les émotions qui les traversent ! Or, si nous avons un vocabulaire assez précis pour mettre des mots sur nos réactions, il est alors plus aisé de les exprimer.

Réguler une émotion négative grâce entre autres à des techniques de respiration.

Accueillir les défis positivement en prenant conscience de l’influence de vos émotions négatives sur votre comportement.

Communiquer de manière constructive et renforcer la qualité de vos relations grâce à l’empathie et l’écoute active : écouter activement c’est se mettre à la place de son interlocuteur et essayer de comprendre son message, de l’aider à exprimer son besoin.